mes plus beaux moments
sont avec toi
en voiture

quand nous partions en vacances
avions longue route
Cabrel dans le tapis
les fenêtres baissées

je sortais ma tête
comme un chien

j’étais libre
pour déjeuner
une banane
un café noir
un filet de lumière fait le bacon
entre une boîte pleine de cossins douteux
et une patte de table
qui retient le journal

j’aménage tout juste

poussière
je vais
et réapparais

Dans les dents

je bouffe mes ongles
ça goûte mon père
ma peau vient de la sienne
sucrée et sale
l'inconscient à poil
la langue fourchue
malhabile
du cœur au ventre
il a renoncé à la rémission
il est
sans moyens
sans plan
il fait sa vie
comme moi


Je me (p)répare
Tout le jour
Me maquille maladroitement
Au crayon

Ce chagrin que je farde
Ne s’effacera pas
En criant

Je me (ren)verse à boire
Debout
Tirez-moi une chaise
Une larme

Les petites heures ne me font plus peur
Elles dansent

intimité

11H30 : je me réveille
et je te trouve plus
nulle part.

Je m'en vais me coucher
à la maison.

Je suis désolée, c'était
une drôle de soirée.

Faut que je fasse plus
attention à l'avenir


Morin, avec amour

la logeuse

assise à la fenêtre
travaille lentement son œuvre
dans un décor ancien
parfois elle se promène sans tenue
des enfants l'espionnent
depuis la ruelle
une chanson joue en boucle
enterre les enfants
et elle déambule
d'une pièce à l'autre
proférant des paroles légères
J’ai trouvé deux volumes de passe-partout et des revues
Elle Québec 1995
Et deux chaises de patio en métal
Pour dix dollars
Je suis comblée
Tu viendras pour ma fête
Devancée par la chaleur